Saturday, August 23, 2014

9e Championnats du Monde de Sudoku - Partie 1

Il est sept heures cinquante minutes quand notre avion se pose à l'aéroport de Londres-Gatwick ce dimanche. Accompagné de mon coéquipier Sylvain Caudmont, je retrouve dans un premier temps Tom Collyer venu jouer les hôtes d'accueil, puis nous nous mettons en route pour l'hôtel après avoir réceptionné l'allemand Stefan Heine et notre amie Valérie Alexandre, venue prendre part aux épreuves de sudoku en tant qu'invitée. Après une petite demi-heure de train et quelques kilomètres en taxi, nous arrivons sur les lieux de la compétition où l'accueil nous échaude quelque peu : nous apprenons en effet que l'accès aux chambres ne sera possible qu'à partir de 15h... au temps pour la matinée de repos sur laquelle je comptais pour me refaire de la nuit blanche de la veille. Le temps s'étant écoulé bon an mal an, nous parvenons à l'heure dite à prendre possession de notre clé mais ne profitons guère du confort de notre chambre car l'heure est venue d'une session d'entraînement ; l'un des objectifs de l'année étant de décrocher une médaille au classement par équipes, nous avons préparé une série de grilles sur le thème de l'épreuve 7 des championnats (détails à suivre) et allons profiter des quelques heures de temps libre restant à notre disposition pour pratiquer l'épreuve en question. Ceci fait, sonne l'heure du dîner d'accueil et de la traditionnelle séance de questions/réponses, vite expédiée comme à l'accoutumée.

Lundi 11 août - premier jour de compétition WSC

Peu avant le top départ

Épreuve 1 (20')
Première et dernière épreuve de classiques du tournoi, un sprint. Pas ma matière de prédilection, mais je sais être capable de me tirer correctement de ce type d'exercices. J'entame la série par la dernière grille, située au dos du livret, afin de m'assurer que je ne l'oublierai pas dans ma précipitation ; puis je reprends dans l'ordre, de la première à la neuvième. Deux grilles s'avèrent opposer un peu de résistance, mais un RI appliqué au bon endroit les fait chuter à peu de frais. Pas d'erreurs, une résolution raisonnablement fluide... Après m'être accordé une vingtaine de secondes de relecture, je rends ma copie avec 3 minutes 38 secondes de marge. Une minute après moi, mon coéquipier Timothy Doyle fait de même. J'ignore ce qu'ont fait mes adversaires directs mais j'ai le sentiment de m'en être bien tiré... sentiment non usurpé, comme nous le verrons lors de l'affichage des premiers résultats.


230/200, et 1ère place au classement provisoire.

Épreuve 2 (45')
Construite sur le même plan que la plupart des épreuves qui suivront (45 minutes pour dix à douze grilles dont deux classiques), celle-ci ressemble à une mise en bouche. Les variantes proposées sont relativement communes, variées, et, plus généralement, appartiennent à des types qu'affectionne Tom, le directeur de la compétition. Il s'avère qu'ils me conviennent également plutôt bien, et ceux d'entre eux qui sont moins à mon goût (Diagonal Sudoku et Nonconsecutive Sudoku) me sont suffisamment familiers pour ne pas m'effrayer outre mesure. J'aborde les grilles dans l'ordre, et elles tombent sans grande difficulté. Le Surplus Sudoku me surprend un peu, au contraire du Windoku que j'expédie en mode automatique. Quelques lenteurs ici et là, mais l'horloge n'en affiche pas moins près de 14 minutes de temps restant lorsque je pose le dernier chiffre de cette série. Je m'accorde la quasi-totalité de cette minute de bonus pour vérifier l'ensemble des grilles et rends à 13:07, en deuxième position - une minute après Tiit Vunk.

665/535 ; je conserve la 1ère place au général, Tiit n'ayant pas accroché le bonus temps sur la première épreuve.

Épreuve 3 (45')
Comme tel est souvent le cas, chacune des épreuves suit un certain thème. Le round 3 est consacré aux grilles à indices extérieurs : Odd-Even-Big-Small Sudoku, X-Sums Sudoku, Skyscraper Sudoku... Moins de grilles que lors de l'épreuve précédente, mais un nombre de points moyen plus élevé : une épreuve de ce type ne s'aborde pas comme un sprint et il faut avant tout éviter les erreurs, toujours coûteuses sur des grilles à plus de cinq minutes. Et pour la troisième épreuve consécutive, j'échappe à cette menace et résous l'ensemble des grilles sans devoir porter la main à la gomme. Davantage de lenteurs que sur les deux épreuves précédentes toutefois ; le Max Triplet Sudoku et le Even Sandwich en particulier me demandent plus de temps qu'espéré. Néanmoins je m'empare là encore de quelques précieux points de bonus en rendant ma feuille avec 4 minutes 37 secondes de marge.

550/510, ex-aequo avec Jakub Ondroušek et 10 points derrière l'un des spécialistes des grilles de ce genre, Nikola Zivanovic. Mon avance au classement général s'accentue légèrement.

Épreuve 4 (45')
Des quatre épreuves de cette première matinée, celle-ci, sur le thème des relations entre cases voisines, est celle que j'attends avec le moins d'impatience. Consecutive et Nonconsecutive Sudoku, Inequality Sudoku, XV et Kropki sont des variantes courantes, que j'ai appris à connaître avec les années mais sur lesquelles je manque toujours de régularité, et mon seul objectif sur cette épreuve est de ne me pas me faire distancer outre mesure par mes principaux concurrents. D'emblée, le Consecutive Sudoku s'avère relativement retors (il posera problème à nombre de mes coéquipiers) ; je parviens néanmoins à repérer ce qui doit l'être et à le faire tomber dans un délai raisonnable, mais je pressens que l'épreuve risque de s'avérer plus difficile que celles qui ont précédé. J'enchaîne avec le No Nines Sudoku, qui m'arrête un peu plus longtemps que je ne l'attendais, puis reviens sur le Nonconsecutive Sudoku... sur lequel je sèche. Bon gré mal gré, je l'abandonne provisoirement pour partir à la découverte des grilles suivantes : Odd/Even Count et Consecutive Sequences. Je viens à bout des deux mais sans faire preuve de la même efficacité que plus tôt dans la matinée. J'esquive le menaçant Inequality Sudoku à 95 points, expédie le Sudoku XV et le Kropki qui me paraît nettement surestimé, enchaîne avec les deux grilles classiques... et reviens bien malgré moi au Nonconsecutive Sudoku, le temps restant me signifiant qu'il me faut maintenant choisir entre celui-ci et le Inequality. Je joue la prudence et opte pour la grille censée être la plus abordable, et le déblocage ne venant pas je me résous à en passer par une hypothèse pour enfin casser cette grille récalcitrante. Moins de trois minutes au chrono pour la dernière grille, donnée à près de dix minutes ; je la regarde brièvement par acquit de conscience, puis relis l'ensemble de mon livret à la recherche d'une éventuelle case vide ou erreur non repérée. Fin de l'épreuve, pas de bonus et un brin de déception ; il s'avère toutefois que personne n'a fait mieux :

465/560, premier ex-aequo avec, sans surprise, Tiit Vunk et Kota Morinishi. Mention spéciale pour le superbe Consecutive Sudoku de Richard Stolk.

Épreuve 5 (45')
Épreuve à thème mathématique (Killer Sudoku, Star Product, Diagonal-Arrow...) pour entamer l'après-midi. Plutôt un de mes points forts en général, mais nous avons vu l'an dernier que j'étais capable de laisser échapper une finale sur l'une de mes grilles favorites. Ma principale interrogation sur cette cinquième épreuve est sans doute partagée par la plupart des participant(e)s : que faire du Killer Sudoku Pro donné à 120 points ? Dans la perspective de finir l'ensemble des grilles la question ne se pose certes pas vraiment, mais il n'est pas à exclure que l'épreuve ressemble à la précédente et que nous devions nous contenter de sept à huit grilles sur les neuf. Après moult hésitations, je décide finalement de commencer par les trois premières grilles et d'aviser ensuite. Le Killer Sudoku tombe dans mon escarcelle sans coup férir. Une très belle grille, mais qui ne m'aura posé aucun problème (moins de 6 minutes pour 95 points). Le Arrow Sudoku me retient - proportionnellement - un peu plus longtemps, puis vient le Star Product. La première partie de la résolution se passe bien, mais sans m'en rendre compte je commets la grossière erreur d'écrire les chiffres sur les étoiles données en indice plutôt qu'à côté, ce qui rend la lecture des chiffres en question beaucoup moins aisée. Conclusion : je commets une erreur en fin de grille, que je ne peux corriger. Quelques coups de gomme, et je repars de zéro. Cette fois tout se passe bien mais cette seconde résolution a été nettement plus lente de peur de refaire la même bêtise. Le Little Killer à 70 points est vite avalé, et je m'attelle au Equality Sudoku. Un jeu d'enfant... jusqu'à l'apparition d'une première erreur. Le stress commence à monter, j'efface, recommence... erreur à nouveau. Finalement je réalise que j'avais mentalement interverti un signe + et un signe =, me remets en selle et termine enfin cette grille qui aurait dû me permettre d'économiser plusieurs minutes. Du temps a passé et je sais déjà que je ne vais pas venir à bout de cette épreuve ; suite à mes nombreuses erreurs mon état d'esprit n'est plus du tout ce qu'il était le matin, et plutôt que de risquer de perdre dix minutes en pure perte sur le Killer Sudoku Pro je m'apprête à faire les trois autres grilles. Le Diagonal-Arrow demande un peu de temps mais demeure raisonnablement facile, et les deux classiques ne résistent pas plus que celles des épreuves précédentes. Trois minutes me restent pour me relire et placer les premiers chiffres du Killer Sudoku Pro, alors qu'ici et là des mains se lèvent pour rendre leur copie. Inutile de dire que je sors fortement dépité de cette épreuve qui va à n'en pas douter me voir concéder un nombre non négligeable de points aux autres finalistes potentiel(le)s. Il s'avèrera de surcroît que le Killer Sudoku Pro était tout à fait abordable.

435/555, et un remarquable 675 pour Kota Morinishi. Je quitte la première place du classement provisoire... et ne la reverrai pas.

Épreuve 6 (45')
Les grilles à géométrie différente me conviennent relativement moins bien en général ; mais là encore, le principal souci sur cette épreuve est la présence d'une très grosse grille (Hex Sudoku - 140 points), pouvant peser lourd dans la balance. Et les choses ne se passent malheureusement pas mieux pour moi que sur l'épreuve 5 : le Sudoku Isometric à 30 (!) points me pose de gros problèmes, notamment car je peine à distinguer les bordures des régions ; je commets des erreurs à la chaîne sur le Toroidal Sudoku... et je gâche une dizaine de minutes à contempler béatement ce fameux Hex Sudoku dont je ne trouverai jamais le point d'entrée. Là encore, je reprendrai la grille après le tournoi pour constater que sept à huit minutes auraient dû me suffire à la résoudre. Après une matinée des plus satisfaisantes, l'après-midi me voit reproduire d'anciens schémas que j'espérais avoir dépassés.

385/525. 615 pour Tiit Vunk.

Épreuve 7 (30')
Enfin ! Après deux épreuves relativement catastrophiques, c'en est fini pour aujourd'hui des rounds individuels. L'heure est venue de faire parler l'esprit d'équipe et la complémentarité des talents. Même si, en ce qui concerne cette première épreuve par équipes, les choses sont vite vues : nous avons à résoudre six grilles classiques dans des conditions bien particulières : quatre grilles se trouvent simultanément sur la table commune, une par personne, et nous devons en changer toutes les 90 secondes. Cela ne serait certes pas un problème si ne s'ajoutait à cette première condition le détail suivant : chaque joueur/se s'est au préalable vu remettre un stylo d'une couleur parmi bleu, vert, rouge et noir, et, sur chaque grille, ne peut écrire que dans l'une des vingt cases de la couleur correspondante :


Notre entraînement de la veille nous aura permis de vérifier ce que nous supputions déjà : une grille censément facile peut gagner nettement en difficulté dans ces conditions. Néanmoins nous abordons l'épreuve relativement en confiance, nous sachant parmi les favoris sur grilles classiques (voir résumé de l'épreuve 1). Les choses avancent plutôt bien mais malgré notre demi-heure de pratique, nous nous révélons avoir un peu de mal à suivre les consignes à la lettre : il nous arrive quelques fois d'écrire - malgré nous - hors de notre zone, et nous devons surtout faire face à une erreur sur l'une des grilles. Nous parvenons à la corriger mais tout ceci nous a coûté du temps, et quelques points de bonus. J'aurai cependant pris beaucoup de plaisir à cette épreuve qui demande un important travail de mémorisation.

2640/2880, contre 3200 pour les joueurs allemands pourtant à la peine en sudoku classique, mais toujours d'une efficacité remarquable en équipe. Pas particulièrement brillant... Et pourtant, des trois épreuves par équipes, ce sera de loin notre meilleure !

Épreuve 8 (30')
Suit l'immanquable épreuve "tout sauf du sudoku". Non que celle-ci soit mal conçue ou inintéressante (il s'agit de reconstituer la solution d'une grille à l'aide de bandes horizontales et verticales, puis de déterminer dans quel ordre ces bandes doivent être placées afin de parvenir à ladite solution) mais elle souffre de deux défauts : d'une part la composante sudoku est presque négligeable, et nous avons affaire davantage à un puzzle relevant du WPC, et de l'autre les grilles proposées ne conviennent qu'assez moyennement à des équipes de quatre joueurs/ses ; il est pratiquement impossible de travailler dessus de concert à plus de trois. Quoi qu'il en soit, cela n'excuse pas notre piètre prestation - la conjugaison d'une mauvaise méthode et d'erreurs évitables nous conduisent à un résultat très éloigné des prétentions de notre équipe.

800/1600, à des lieues de nos adversaires directs... et indirects. Allemagne et République Tchèque s'envolent et atteignent les 2000 points. La médaille d'équipe semble d'ores et déjà fortement compromise...

Fin de la première journée du WSC... mais comme l'an dernier, il me reste un ultime effort à fournir avant de pouvoir profiter d'un peu de repos. D'ici un peu plus de deux heures doit avoir lieu la finale du Sudoku Grand Prix 2014, que je vais aborder en troisième position suite au désistement de Jan Mrozowski et Jakub Ondroušek. Qui plus est, mon coéquipier Timothy Doyle sera également de la partie ! 7 grilles et 8 adversaires nous attendent, l'issue est tout sauf certaine compte tenu des écarts au départ très réduits et nous sommes bien décidés à ne pas gâcher notre chance...

À suivre !

Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.

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